Friday, July 18, 2008

Le stade de Beyrouth ressemblait à celui de Nuremberg en 1936

Par Olivier Rafowicz

Mercredi, l’Etat d’Israël a échangé contre ses deux soldats Edad Regev et
Ehoud Goldwasser des terroristes libanais vivants. Il a également restitué 199
corps de membres du Hezbollah, tués lors d’affrontements avec l’armée
israélienne depuis 1982.

De façon assez générale, les Israéliens ont accepté avec beaucoup
d’amertume le fait de libérer des assassins extrêmement dangereux en échange de
deux soldats morts. Mais l’échange était fondé sur le principe qu’il faut tout
faire et si nécessaire payer le prix le plus lourd pour ramener vivant ou mort
nos soldats à la maison.

Le choc a été et reste extrêmement violent surtout lorsqu’on voit avec
quelle haine, avec quelle violence, s’est exprimé celui qui a assassiné une
petite fille de quatre ans en 1979, à Naharya, dans le nord d’Israël.

Samir Kuntar, membre à l’époque d’un groupe terroriste communiste libanais,
a fracassé le crâne de la petite fille de quatre ans contre un rocher. Puis la
voyant gémir, il a continué encore de plus bel à lui cogner la tête, sa toute
petite tête contre un rocher. Cet homme là, qui a aussi tué le père de la petite
fille et deux policiers, est aussi responsable de la mort de la sœur de la
petite fille, étouffée par la main de sa mère qui voulait la protéger en lui
évitant de pousser des cris de frayeur.

Cet assassin condamné à perpétuité, a passé prés de trente ans dans les
prisons israéliennes et en sortant à l’âge de 45 ans, s’est exprimé dès sa
sortie dans un grand stade au sud de Beyrouth. Il a dit vouloir revenir en
Palestine, voir les Israéliens se languir du terroriste Imad Moughanieh. Il a
dit enfin qu’il veut continuer à tuer les juifs.

Samir Kuntar, avec ses alliés chiites du Hezbollah, est devenu l’un des
symboles du climat anti-israélien, antisémite et anti-occidental qui règne au
Moyen-Orient et bien au-delà.

A Beyrouth, il a reçu un accueil royal du Premier ministre Fouad Siniora et
du Président libanais Michel Sleimane. J’ai eu la nausée devant le défoulement
de tant de haine exprimé par un seul homme mais surtout devant le respect, la
joie, les accolades, les embrassades, que les responsables politiques libanais
ont accordé à Samir Kuntar.

Comment est-il possible, même au nom de la fraternité ou de l’union entre
les différentes communautés, de voir en Samir Kuntar le symbole du Liban ?
Comment est-il possible que des hommes perçus comme modérés et intelligents
comme Fouad Seniora puissent accorder à l’assassin d’une petite fille tant de
respect ? Comment est-il possible que le président Michel Sleimane, qui a été
applaudi par toute la communauté internationale lors de sa nomination, a été
capable d’offrir son armée et son hélicoptère pour escorter officiellement un
assassin. Ceci, dans l’indifférence la plus totale de la communauté
internationale ?

Je reste perplexe et profondément inquiet de la route que veut emprunter le
Liban.Je suis profondément attristé que la mort, la haine, la violence, le crime
et l’extrémisme soient les valeurs que choisi le Liban aujourd’hui pour regarder
vers l’avenir. Ces deux leaders libanais qui ont hier accordé tout leur amour à
Samir Kuntar, demain rencontreront des hommes d’Etat du monde entier. J’espère
mais je ne suis pas naïf malheureusement que l’un d’entre eux leur dira
peut-être à l’oreille qu’il ne faut pas confondre fraternité nationale et
alliance avec le diable.

Hier soir, Beyrouth ressemblait à Nuremberg en 1936. Samir Kuntar et
Nasrallah ressemblaient à Goebbels et à Hitler lorsque des milliers et des
milliers de sympathisants criaient mort à Israël, portaient des uniformes noirs
et levaient le bras en signe de salut. Ceci ne peut qu’apporter la violence, la
guerre et le chaos.

Fouad Siniora et Michel Sleimane ont choisi mercredi soir, non pas un Liban
libanais mais un Liban iranien et fasciste.

Les yeux de la petite fille de quatre ans ont vu le regard de Samir Kuntar
avant qu’ils l’achèvent. Les yeux de la petite fille ont vu, mercredi soir, les
acclamations et la joie du peuple de Beyrouth.
Nous et j’espère vous, nous n’oublierons jamais non plus les yeux de la
petite fille de quatre ans froidement assassinée par Samir Kuntar.

En libérant Samir Kuntar parce que nous n’avions pas le choix, nous avons
libéré le mauvais génie de la bouteille. Espérons que quelqu’un dans ce monde,
nous peut-être, le remettra dans la bouteille à tout jamais.


No comments: